Je m’ennuie en couple…

  • Toutes les soirées, on les passe devant la télé, côte à côte, sans échanger, ou à peine…
  • Je regarde mon téléphone quand il me parle…
  • Il n’est plus vraiment ma priorité, je préfère continuer ma conversation avec une bonne copine plutôt que de l’accueillir quand il rentre…
  • Je me sens seul même quand elle est là…
  • À quoi bon continuer comme ça ?
  • Je rêve d’une vie romantique pleine de surprises, d’être un couple mythique… mais dans le style « Coup de foudre à Notting Hill », j’ai plus l’impression de vivre avec Spike qu’avec Hugh Grant !

Au début, on ne s’ennuyait pas, nous faisions plein de choses ensemble, nous nous comprenions, nous voulions toujours être tous les deux. Nous avions une bonne complicité en somme ! Cela s’est, comment dire, un peu englué… Au point qu’aujourd’hui, je me dis : je m’ennuie en couple.

Qu’est-ce que l’ennui, au fond ?  C’est une impression de vide, de lassitude causée par le désœuvrement, l’inaction, par une occupation monotone ou sans intérêt[1]. Rien de bien original ni de dramatique si on ne s’y « enkyste » pas.

La fameuse routine de couple est apparue et c’est normal. Nous sommes toujours ensemble, nous gérons un quotidien plus ou moins facile. Nous n’avons plus le manque de l’autre. Il est intéressant de réfléchir à recréer un peu de ce manque, à donner un peu d’espace au couple au risque d’avoir la sensation que si l’on s’ennuie c’est que notre histoire est finie et qu’il faut changer et recommencer ailleurs, avec la forte probabilité que la routine et l’ennui se réinstallent : si je m’ennuie, c’est que je ne t’aime plus, tu ne m’intéresses plus, j’ai fait le tour de la question…

Parfois, la flamme est éteinte, c’est un peu l’ambiance « Waterloo, morne plaine ». Nous ressemblons au couple repoussoir du restaurant qui passe sa soirée sans s’adresser la parole, ou à peine.

De plus, le couple monogame et fidèle n’est pas très glamour, paraît-il… Docteur en sciences sociales, Véronique Nahoum-Grappe dresse un diagnostic sans appel : « Actuellement, l’image de la non-vie, c’est le couple monotone durable. Une incarnation de la routine, de l’avilissement, de l’engraissement, de l’embourgeoisement, de la passivité. Et c’est cette mythologie-là qui nous plombe. […] Si je pense qu’aller au boulot, répéter les mêmes gestes, faire l’amour avec le même être tous les soirs, c’est avoir raté ma vie, que je suis nul et qu’il faut casser tout ça, alors je vais me dire que je m’ennuie. Aujourd’hui, tout le monde divorce en disant : ‘je m’ennuyais’. »

Alors oui, il est plus facile de s’aimer dans le manque (vous savez, quand un seul être vous manque et que tout est dépeuplé !) que de se réjouir de la présence de l’autre dans le quotidien. Et comme l’écrit très justement Grégoire Delacourt (dans son livre La liste de mes envies), « après le désir, toujours vient l’ennui. Et il n’y a que l’amour pour venir au bout de l’ennui, l’amour avec un grand A ». Et Christian Bobin de renchérir avec cette si jolie formule : « L’ennui, c’est de l’amour qui s’apprête en silence. »

Alors, comment renouer avec cette complicité de couple ? Comment retrouver un échange suffisamment nourrissant ?

Tout d’abord, cernons le problème dans un dialogue vrai qui fait la part des choses. L’ennui est naturel dans un couple, mais parfois, il est le symptôme de quelque chose de plus grave.

Puis, créons un peu d’espace en s’occupant de soi, en ayant des activités à l’extérieur du couple, une vie sociale, et cela viendra nourrir la relation de couple., il faut des trucs à se raconter !

Ensuite, souvenons-nous de ce que l’on aimait faire ensemble et que l’on a arrêté de faire au fil du temps, des petites choses simples : des gestes, des petits mots, des promenades, un cinéma, un bain ensemble, des jeux de société, une sieste crapuleuse, feuilleter les albums photos… Réfléchissons à de nouvelles activités à partager : danser ensemble, se faire un potager, refaire sa chambre, passer une nuit à la belle étoile ou dans un hôtel de charme, voire une semaine (folie !). Ayons un projet, voire des petits projets.

Et surtout, commençons ! N’attendons pas tout de l’autre, mais soyons un moteur, donnons à l’autre du temps à partager et puis …recommençons même si le bénéfice n’était pas très flagrant !

Passons de “je m’ennuie avec toi” à “je m’ennuie de toi” !

 

Perrine de Prémare. Conseil conjugal et familial. Carrières-sous-Poissy (Yvelines)

[1] « Lassitude, abattement, provoqué par l’inaction et le désintérêt », Larousse

 

Perrine de Premare

Perrine de Premare, conseil conjugal et famillial.

Follow:
Pas de commentaires pour le moment

Vous ne pouvez pas poster de commentaire pour le moment